Eco-Technilin : Entretien avec Karim BELHOULI

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Entretien avec Karim BELHOULI, directeur général de la société Eco-Technilin.

Eco-Technilin, créée en 1998, est une entreprise française spécialisée dans la production de matériaux non tissés à base de fibres naturelles comme le lin et le chanvre. À l’origine, elle visait à valoriser les déchets issus de la filature de lin, une ressource sous-exploitée à l’époque.

‘entreprise propose des solutions principalement pour l’industrie automobile, en se concentrant sur les applications intérieures des véhicules. Eco-Technilin s’engage également dans des secteurs variés comme l’aéronautique et la construction. Leurs produits sont recyclables et peuvent être réutilisés plusieurs fois sans perte de performance

Avec une forte orientation vers l’innovation, Eco-Technilin dispose d’un laboratoire de recherche et développement, et détient plusieurs brevets. Environ 80% de son chiffre d’affaires provient de l’exportation, facilitée par la proximité du port du Havre, ce qui lui permet de desservir des marchés à l’international, de l’Amérique du Sud à l’Asie​.

M. BEHLOULI, pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?

Eco-technilin est une société basée à Valliquerville, producteur de non tissé pour l’industrie automobile essentiellement. La thermo-compression nous permet de mélanger des fibres naturelles et polypropylène pour fabriquer des pièces rigides. Ces dernières années l’entreprise a développé des solutions pour faire des produits encore plus légers destinés à une distribution en Europe et vers les pays tiers.
L’histoire de l’entreprise fait que les étoupes de lin, les fibres courtes de l’industrie du lin, étaient sous-valorisées. La coopérative agricole d’Yvetot a créé cette société pour renforcer les plastiques. On utilise en effet le lin essentiellement dans le composite car c’est une fibre très rigide, qui apporte des propriétés mécaniques au composite.

Le lin peut servir à fabriquer de très nombreux produits. Pour la partie composite, ce qui est au coeur de nos métiers ici chez Eco-technilin, et le mélange lin – résine thermo-plastique permettra de fabriquer des choses aussi diverses et variées que des boomerangs, des pochettes de téléphone, et bien d’autres produits recyclables ; tous les objets qui nous entourent et qui ont une performance mécanique plus élevée sont également réalisables avec du lin, comme les produits liés au sport et au mobilier design. Un des intérêts du lin est sa disponibilité. Il en est produit autant en France que de fibres de verre.


Quels sont les projets de votre entreprise à court et long terme ?

Les projets récents de l’entreprise ont été en partie financés par la Région, et concernant l’industrialisation des unidirectionnels de lin. Le procédé consiste à aligner les fibres de lin dans un seul sens pour fabriquer des composites très haute performance. Nous avons développé des pièces pour l’aéronautique, le sport et loisirs, le mobilier design. Une planche de snow-board par exemple, est faite avec ce produit nommé Flax Tape.
Sur du plus long terme, nous travaillons avec nos sociétés soeurs, pour avoir la complète traçabilité d’une chemise et d’un chèche : avec la Linière de St-Martin près de Bernay et Lemaitre Demeestere tisseur à Halluin depuis 1835, ces deux sociétés font également partie du groupe. Le maillon qui manquait en France, c’était la filature, pour avoir une complète traçabilité du champ jusqu’à la garde-robe. Nous avons donc monté une filature, grâce au plan de relance.

Comment se positionne votre société au sein de la filière lin ?

L’intégration de la société dans la filière lin s’est toujours faite par la technique jusqu’à présent. Depuis que nous avons rejoint le groupe NatUp, qui est un grand groupe coopératif agricole normand, nous sommes en responsabilité du pôle fibres, dénommé NatUp Fibres. Ce pôle est constitué de deux divisions :

• Une division technique, avec Eco-technilin et Eco-technilin Pologne,
• Une division textile avec la Linière de St-Martin, et Lemaitre Demeestere.


Pour compléter ce dispositif, nous avons mis en place une filature afin d’avoir la production ruban, le fil, le tissu. Nous avons nos sous-traitants teinturiers français et nous travaillons avec des confectionneurs français, afin d’obtenir les 100 % de traçabilité sur un 100 % lin made in France. La réorganisation de la filière sur le métier de filature, c’est trouver les constructeurs de machines, trouver des hommes, les former et nous repartons d’une feuille blanche.

Merci à Monsieur BELHOULI et la société Eco-Technilin pour l’accueil et le temps consacré à cette interview.